II.3 La société contre le crime organisé

            Enfin la lutte contre le crime organisé est très présente en Sicile, nous retracerons son histoire et nous verrons la lutte anti-mafia plus généralement dans le pays.

    Dès 1890 et jusqu’aux années 1950 le premier ennemi de la mafia est le monde paysan. Les premiers à lutter contre la mafia étaient les Fasci siciliens (mot italien qui dans les années 1890 se référait à des groupes politiques radicaux). le combat correspondait alors à une lutte des classes, les paysans exploitant d’un côté contre les grands propriétaires de terriens et l’armée appuyées par la Mafia de l’autre. Ce qui a été nommée « la défaite des Fasci» après la centaine de victimes répertoriées conduit à une émigration de près d’1 million de siciliens en Amérique. De cette période jusqu’en 1950 et la mise en place de la réforme agraire sicilienne (La réforme agraire a pour but de redistribuer ou de déconcentrer des terres de culture, soit pour fournir des terres aux petits paysans et lutter ainsi contre la pauvreté rurale, soit pour favoriser les grosses exploitations dans une économie mondialisée). Les paysans abdiquèrent dés l’application de la réforme de 1950 en s’apercevant que les terres qui leurs ont été étais les plus mauvaises , Ils signent l’arrêt des coopératives et par ce fait l'anéantissement de tous paysans, cela aboutit au départ de plus d'un million de siciliens vers l’Europe centrale et le nord de l’Italie. Ainsi se termine la première phase de lutte contre la mafia , marquée par les conflits d'intérêts au sein d'une économie agraire.

L'Italie connu 2 grande phases de lutte contre les mafias, le premier à attaquer la mafia fut le dictateur fasciste Mussolini au début du 20eme siècle . Plus récemment dans les années 80 le gouvernement italien mit en place de nombreuse méthodes pour arrêter l'expansion de la mafia dans la société italienne.

 

Durant le mois d'octobre 1922, le dictateur fasciste Benito Mussolini créa un régime plutôt totalitaire. Il régnait en maître sur l’Italie et ne voulait en aucun cas un pouvoir qui prendrait une place équivalente a son autorité. Durant son voyage en Sicile en mai 1925 il prit connaissance que la mafia ''la Cosa Nostra'' régnait sur l’île. Par crainte de perdre l'autorité et afin d’empêcher tout mouvement séparatiste , il déclara dans un discourt prononcé à Trapani devant la population sa détermination à faire disparaître toute trace de la mafia sur le territoire. En 1927 il prononça le même discours devant la chambre des députés, dont voici un extrait :

« Messieurs, il est temps que je vous révèle la mafia. Mais avant tout je veux dépouiller cette association de brigands de cette espèce de charme poétique, qu’elle ne mérite absolument pas. Que l’on ne parle pas de noblesse et de chevalerie si l’on ne veut pas insulter réellement toute la Sicile. […]

Vous me demanderez : mais quand finira la lutte contre la mafia? Elle finira lorsqu’il n’y aura plus de mafiosi.

Elle finira également lorsque le souvenir de la mafia aura définitivement disparu de la mémoire des Siciliens. »

    Ce discours exprime bien le désir de mettre en place des méthodes radicales pour faire oublier à la population la mafia, cela afin d’être le seul dirigeant de l’Italie et de rétablir son image auprès des peuples sous l’influence mafieuse.

Pour diriger cette lutte il nomma à la tête des opérations le préfet ''de fer'' Cesare Mori qui lança une vaste campagne contre la mafia sicilienne entre 1925 et 1929.

Avec l’aide des Services Interprovinciaux de la Police sicilienne, il procéda à des arrestations massives dans les petit village mais aussi dans les plus grands espaces. Les personnes arrêtés étaient juger sous le motif de délit d'association de malfaiteurs qui fut à l'origine de nombreux procès . Un grand nombre de délits commis plusieurs années au paravent ont pue être régler. Plus tard lors des grands procès contre les grandes familles mafieuse , la mafia fut définie pour la première fois comme organisation hostile à l'état et réprimée, au moyen d'une interprétation extensive du code pénal sur le motif évoqué précédemment ce qui permis un plus grand nombre d'inculpation.

Un autre objectif de ces opération anti mafia était d'enlever le prestige de la mafia au sein des habitants de communes semblables pour qu'ils reconnaissent comme seul pouvoir celui du dictateur.

 

    Une majeure partie des mafiosi siciliens fuient dans d’autres pays où leur autorité n’était pas encore remise en cause : la majorité partent reprendre la branche mafieuse américaine situé à New York et nommée autrefois la Mano Nera qui devient ensuite l’Union Sicilienne puis très vite la Cosa Nostra américaine.

    Après sa victoire contre la mafia, Cesare Mori voulut s’en prendre aux mafieux exerçant leur pouvoir dans le monde politique et dénoncer ces hommes politiques véreux soutenus par la mafia. Mais ces hommes politiques étaient des notables dans la société italienne et Mussolini ne pouvait pas se permettre de perdre ces relations. Il destitua alors Mori de son poste en juin 1929, puis à travers de la propagande il fit croire au peuple qu’il n’existait plus aucune trace de la mafia, bien qu’une grande partie des familles mafieuses exerçait encore leur pouvoir sur la population et les terres siciliennes. Les titres de journaux donnait des allures héroïques au dictateur Benito Mussolini qui était représenté tel un Hercule des temps modernes, par exemple un titre assez populaire pendant cette période fut : « Mussolini a étranglé le monstre dans son nid ». Mussolini voulait alors ramené la population sous son contrôle en se montrant comme seul protecteur de ce peuple. La mafia perdit alors son rôle de protectrice de la nation sicilienne.

 

    Plus tard, dans les années 1970, les chefs mafieux de la Mafia d’origine, n’ayant pas été incarcéré, se retirent de leur fonction. Il sont remplacés par de jeunes mafieux qui ne respectent plus aucune valeur traditionnelle et montrent leur pouvoir à travers les violences qu’ils exercent : ils transgressent alors le Code d’Honneur mis en place par les membres de la Mafia originelle. Une rivalité entre les différentes familles mafieuses s’installe pour la détention du pouvoir. Il s’ensuit une vague d’assassinat à l’encontre d’autres membres de la Mafia, mais également contre ceux qui exercent un pouvoir autre que mafieux, c’est-à-dire les personnes issu du gouvernement italien. Les premières victimes de cette vague d’assassinat, mené par la famille des Corleonesi (famille qui exerce son autorité sur la ville de Corleone en Sicile, cette ville possède le taux de criminalité le plus élevé d’Europe), sont des membres du gouvernement qui se sont opposé partiellement à la mafia : le député sicilien Pio La Torre et le préfet Della Chiesa en 1982.

    L’État italien observant cette violence de la part des mafias, lance une nouvelle campagne anti-mafia.

    Dans les années 1980, le juge d’instruction Giovanni Falcone exploite des anciens mafieux, qui pour vivre une vie paisible et être libérés décide de dévoiler des informations capitales à propos de leur organisation au gouvernement et brise ainsi la loi du Silence (ou l’omerta). Grâce aux repentis, de grands procès contre la Mafia sont menés à terme, et de nombreux mafieux sont arrêtés. En 1982, à la suite d’un scandale sur l’intégration d’un homme politique en relation avec la mafia, la Commission anti-mafia créée en 1963 est réformée et devient plus drastique dans ses différentes actions. Dans la même année, le Sénat italien vote une loi qui insèrent deux nouveaux délits dans le Code Pénal : « l’association mafieuse » et « la concurrence illicite avec violence ». Cette nouvelle spécificité permet alors de purger les entreprises dominées par la mafia et ainsi de garantir au peuple un commerce plus sûr en supprimant cette concurrence. Cette loi s’accompagne également d’une possibilité de supprimer le secret bancaire qui permet à la Commission anti-mafia de vérifier les mouvement d’argent sale qui peuvent mener à leur source, plus précisément aux mafieux. Les repentis sont protégés dès la mise en place de cette loi puisque les interrogatoires peuvent, dès lors, être effectué à huit clos à l’écart des regards indiscrets. Ces précédentes méthodes d’investigation sont largement usitées par la suite puisqu’elles sont à l’origine de la régression de la mafia.

    Bien que Falcone a été assassiné en 1992, l’opposition gouvernementale contre la mafia est encore présente de nos jours. De l’été 1992 à celui de 1998, l’État italien déclenche l’opération militaire "Vespri Siciliani" (les Vêpres siciliennes) qui place l’armée italienne sur tout le territoire sicilien : cette dernière doit reprendre le contrôle de ces territoires. Elle remplace la police sicilienne dans ses actions et se montre sa présence armée pour inspirer la crainte aux mafieux qui voudraient déranger la tranquillité des villes instaurée par cette intervention du gouvernement, mais aussi pour rassurer la population sicilienne qui ne se sent plus en sécurité depuis les attentats à l’encontre des juges anti-mafia Paolo Borsellino et Giovanni Falcone, et qui souhaite se venger de cette organisation criminelle trop présente sur leur région.

 

            De nombreuses interventions contre la Mafia ont eu lieu, mais aucune n’a réellement réussi à l’éradiquer intégralement. Bien qu’actuellement le gouvernement italien tente de la restreindre, elle tient encore une place importante dans le monde des affaires ainsi que dans le monde politique, même si elle est moins présente qu’antérieurement.